JS Éditions, l'arc-en-ciel de l'humanité.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le papier recyclé destiné à l’impression n’est pas forcément plus écologique, car le coût du recyclage est élevé en termes de ressources (eau et énergie). Son utilisation n’est donc pas un gage de responsabilité écologique. En France, on ne produit plus de papier recyclé graphique (c’est-à-dire pour l’impression, on produit surtout pour le papier toilette). Le papier recyclé utilisé en imprimerie est ainsi souvent produit à l’étranger avec une empreinte carbone élevée du fait du transport (à la fois par rapport à la provenance des fibres et par rapport au transport jusqu’à l’imprimerie).
On entend également beaucoup parler des encres végétales qui seraient meilleures pour l’environnement. En fait, elles n’existent tout simplement pas au sens strict.
Une encre est composée de :
– huile ou polymères de 20 à 40 % qui servent de support des résines et pigments
– diluants (pétroliers ou végétaux) de 3 à 40 % pour rendre les résines solubles et gérer la viscosité de l’encre
– résines (colophane ou pétrole) de 30 à 35 % pour gérer les propriétés de l’encre (viscosité, fixation, séchage…)
– pigments organiques ou minéraux de 10 à 20 % pour colorer l’encre en fonction des applications et de leur résistance
– additifs, charges, cires, siccatifs de 1 à 8 % pour gérer les propriétés de résistance, viscosité, séchage, etc.
Ainsi, une encre végétale est certes composée en partie d’huile végétale au lieu des hydrocarbures pour les encres minérales, mais elle contient également d’autres composés issus de ressources non renouvelables. Quant à la part d’huile végétale, malheureusement la traçabilité est très compliquée et il s’agit bien souvent d’huile issue de la déforestation (huile de palme, notamment) et aussi de plantations entrant en concurrence avec l’agriculture nourricière.
En Union européenne, les encres dites végétales sont les plus fréquemment utilisées.
On a souvent tendance à résumer l’écoconception à l’émission de gaz à effet de serre, comme le CO2. L’écoconception est en fait bien plus large, elle va prendre en compte de nombreux autres aspects comme : l’écotoxicité, la perte de diversité, la pauvreté, l’eutrophisation (l’enrichissement excessif des eaux en nutriments [comme les nitrates et phosphates], causant une prolifération d’algues, une diminution de l’oxygène et des perturbations écologiques dans les milieux aquatiques), le stress hydrique, la santé, l’éducation, la pénurie de ressources, les inégalités, la surconsommation, les biens et les services abordables, les polluants atmosphériques…
L’écoconception est un concept large. Il s’agit de prendre en compte les matériaux, les méthodes de production, la logistique, l’utilisation et la fin de vie d’un produit, tout en veillant à l’impact sur les communautés locales, la santé, ainsi que la sécurité des travailleurs et des consommateurs.
Chez JS Éditions, nous avons fait le choix de privilégier le partenariat humain en faisant appel à des prestataires en freelance ou des agences. C’est le cas notamment pour la correction orthotypographique, le graphisme et l’illustration, la lecture sensible, la traduction et l’interprétation (dans le cas de la langue des signes française, LSF), l’interprétation et le montage (dans le cas des livres audio), la diffusion et la distribution déléguée.
Pour le cas du paiement en droits d’auteurice, nous appliquons un pourcentage significatif et versons les droits chaque trimestre. Lorsque cela est possible, notamment grâce à une aide régionale, nous proposons un à-valoir pour les projets les plus longs. Nous aimerions rendre systématique cette rémunération en amont, c’est l’un de nos buts à long terme.
Pour les romans, nous avons opté pour un papier crème (limite la toxicité liée au blanchissement) non couché (faible charge minérale) dont le profil paper est très correct, c’est-à-dire qu’il a un bilan carbone satisfaisant. Il est issu de forêts gérées de manière durable du nord de l’Europe. Il n’est pas gourmand en encre et nous le choisissons à un grammage à la fois suffisant pour limiter la transparence et assez bas pour limiter la quantité de pâte à papier consommée et permettre un livre léger qui coutera moins cher à la livraison.
Pour les albums jeunesse, nous optons désormais pour des papiers non couchés (faible charge minérale) en nous tournant vers des offset de qualité et produits en Europe.
Nous imprimons soit en offset traditionnel avec séchage naturel soit en impression numérique. Ces deux modes d’impression sont davantage écologiques que le offset UV, car il n’implique pas de polymérisation accélérée par UV et produit du papier plus désencrable et donc plus recyclable.
Nous optons pour des encres traditionnelles et non UV (à base de polymères plastiques et souvent peu désencrables, ce qui limite la recyclabilité). Nous limitons également les pantones, davantage minérales.
Aussi nous créons des fichiers optimisés pour les papiers utilisés avec l’utilisation de noirs à 80 % et de polices d'écriture peu gourmandes en encre.
Pour les romans, nous ne pouvons malheureusement pas encore financer des rabats qui nous permettraient de nous passer d’un pelliculage. En revanche, pour les albums jeunesse, nous envisageons d’utiliser désormais des papiers de création pour éviter le pelliculage (source de plastiques et entravant la recyclabilité).
Nous procédons à des tirages de quantités raisonnables pour éviter la surproduction et le recours au pilon.
Nous privilégions les transports mutualisés, par voie terrestre ou maritime ou la remise en main propre lorsque la distance le permet.
Pour produire un livre écoresponsable, il faut qu’il se vende. Produire un ouvrage écologique que personne n’achète, c’est dépenser des ressources pour rien. C’est pourquoi nous fabriquons de beaux objets (je crois, non ?) à des tarifs raisonnables. La chaîne du livre a de multiples intermédiaires et chacun·e doit être rémunéré justement. Nos tarifs prennent en compte ce besoin de rémunération juste, mais également le portefeuille des lecteurices.
Il n’y a pas une manière de produire écoresponsable, chaque structure et même chaque projet nécessitera de se poser des questions et de faire des choix. Et encore, je n’ai pas parlé du format qui joue sur la quantité de chutes de papier et de plein d’autres aspects auxquels nous faisons attention !
Gardez juste à l’esprit qu’il n’y a pas « une » bonne pratique, mais que c’est bien l’ensemble de la conception qui doit être questionnée. Chez JS Éditions, c’est ce que nous faisons et nous espérons que cela a de l’importance pour vous.